MOUNTAINCUTTERS – Becoming ground – Exposition à la Ping Pong Gallery – Bruxelles – octobre 2015
Texte écrit à l’occasion de la même exposition
Des décombres célestes, des reliquats d’éruptions volcaniques. Des matières primitives, organiques, vivantes : terre, eau, racines. Des matières anthropiques : fer, béton, papier. Une main guérisseuse serrant un morceau d’argile, une autre, vive, plongée dans un bac de sable, d’eau et de granulats. Ils sont deux corps, deux énergies mais leur force est une, entière, indivisible.
S’il est de primes abords brut, sans concession et issu d’un chaos, le travail du duo Mountaincutters n’en est pas moins construit et équilibré. Leurs échanges – permanents – leur permettent de fonder un univers qui intègre à la fois un monde à notre échelle et un monde plus grand, lointain, inconnu.
En cherchant sans cesse, en creusant la terre, les mots, en plongeant dans le ciel, Mountaincutters devient le.a passeur.se entre ces deux mondes et crée une forte dialectique entre le souterrain, les entrailles (les leurs et celle de la Terre) et le Ciel, le céleste.
A l’encontre d’un art situé tout près de la contemporanéité de notre siècle et qui se pare du technologique, leur engagement est de travailler sur le primitif de cette condition humaine : vouée à la mortalité, la sexualité et le travail. Ainsi l’univers qu’iels construisent voit ses frontières sans cesse élargies : chacun apporte à l’autre une part de son identité et le tout se fabrique à partir d’échanges, de cycles, de mouvements.
L’installation Aorta présentée ici est faite de ces cycles, de ces échanges : l’eau circule, s’échappe, ruisselle, rencontre des réceptacles ; son parcours – mené par le ronronnement de la pompe – est dessiné par le long tuyau noir qui devient une ligne, serpente et lie les éléments ensemble.
L’installation ainsi nichée dans l’angle de la rue devient une portion de paysage, vibrante, vivante : un paysage aux résonances primitives mais anthropisé.
Ludmilla Cerveny